industries textiles
Temps de lecture :L’eau constitue le principal vecteur pour éliminer les impuretés, appliquer les colorants et produits d’apprêt ainsi que pour générer de la vapeur. La quantité et la charge chimique importante des effluents générés constituent ainsi la préoccupation première de l’industrie textile. Les impacts environnementaux les plus importants sont dus (dans cet ordre) aux sels, détergents et acides organiques.
L’effluent final, où sont mélangés les divers flux en provenance de différents procédés, présente des caractéristiques qui sont le résultat d’une combinaison complexe des facteurs suivants :
- les types de fibres mises en œuvre
- les types d’articles traités
- les techniques employées
- les types de produits chimiques et produits auxiliaires utilisées pour le procédé.
Les émissions qui en résultent sont d’autant plus difficiles à standardiser et à comparer selon la production, susceptible de varier au cours d’une année (changements saisonniers, de la mode) mais également sur une journée en fonction des plannings de fabrication.
lavage et peignage des laines
La laine brute est un produit très chargé d’impuretés (250 à 600 kg par tonne) qui se répartissent en :
- 25 à 30 % de graisse (suintine et acides gras) ;
- 10 à 15 % de terre et sables ;
- 40 à 60 % de sels organiques et suint.
La DCO globale peut être estimée de l’ordre de 150 à 500 g/kg de laine brute. Le procédé de nettoyage et l’efficacité du système de récupération de graisses et d’impuretés sont étroitement liés à la teneur en DCO.
Le lavage à fond de la laine conduit au rejet d’un effluent fortement chargé en matières organiques et comportant des quantités variables de micropolluants provenant des pesticides appliqués sur les moutons.
Les résidus de médicaments vétérinaires présents dans les effluents du lavage de la laine présentent un potentiel de nuisance à l’environnement ; les ectoparasiticides sont les plus communément rencontrés. La concentration de ces ectoparasiticides est comprise dans une fourchette de 2 à 15 mg/kg de laine brute. Suite au procédé de lavage de la laine, 96 % des pesticides présents dans le textile sont éliminés (4 % sont retenus sur la fibre après lavage).
les prétraitements avant ennoblissement textile (tableau 51)
Les impuretés présentes dans la laine brute, agents de préparation, lubrifiants de filature, agents d’encollage, sont habituellement éliminées de la fibre lors du prétraitement et peuvent conduire au rejet de substances organiques difficilement biodégradables, telles que les huiles minérales, mais aussi de composés dangereux comme les HAP.
Le mercerisage est à l’origine de rejet dans les eaux usées d’une importante quantité d’alcali. Cependant l’eau de rinçage issue de cet atelier peut être recyclée après avoir été concentrée par évaporation.
Le désencollage des tissus en coton peut représenter 70 % de la charge en DCO totale de l’effluent final. Les coefficients d’émission de l’ordre de 95 g DCO/kg de tissu, sont fréquemment retrouvés, avec des concentrations en DCO se situant souvent au-delà de 20 g DCO/L.
ennoblissement textile
Cette activité, très polluante en général, regroupe les opérations suivantes : blanchiment, teinture, impression, apprêt.
Les volumes rejetés sont très variables suivant la combinaison des ennoblissements et seuls des ordres de grandeur comparatifs peuvent être donnés :
- fibres acryliques 35 m3·t–1 ;
- laine 70 m3·t–1 ;
- coton 100 m3·t–1 ;
- éponge 200 m3·t–1 ;
Les charges polluantes dépendent en fait :
- du type de fibres : naturelle ou synthétique ; plus ou moins chargée en impuretés et matières associées
- des procédés de teintures (au large, foulard, autoclave) continu, discontinu, semi-continu et d’impression ; les colorants ne représentent pas une charge significative mais peuvent interrompre la photo synthèse et affecter ainsi la vie aquatique si la couleur est intense.
- des produits utilisés selon leur solubilité dans l’eau (tableau 52).
Mélangés aux effluents de prétraitement, les rejets sont plus dilués et caractérisés par les valeurs typiques suivantes :
- pH : 4 à 12, le plus souvent basique ; 4,5 en laines tricotées ; 11 en coton ;
- DCO : 250 à 1 500 mg·L–1 soit 50 à 150 kg·t–1 ;
- DBO5 : 80 à 700 mg·L–1, avec rapport DCO/DBO5 variable de 2,2 à 5 ;
- couleur : 500 à 2 000 unités Pt·Co·L–1 ;
- MES : 30 à 400 mg·L–1 (peu abondantes, fibre, bourre, duvet), mais pouvant quelquefois atteindre 1 000 mg·L–1 (cas du coton) ;
- Cr(VI) : 1 à 4 mg·L–1 et S2– : 0 à 50 mg·L–1 ;
- températures croissantes avec la réduction recherchée des volumes.
Le lavage des jeans en présence de pierre ponce (1 kg par kg) peut entraîner des rejets massifs de MES.
blanchisseries industrielles
Selon leur taille, ces industries peuvent rejeter des charges polluantes élevées, constituée très souvent par les produits de lavage qui sont mis en œuvre sur site.
Les volumes d’eau résiduaire dans les unités modernes à lavage à contre-courant sont de l’ordre de 2 mᶟ par 100 kg de linge et correspondent de 1,5 kg à 2 kg de DBO5.
Le blanchiment peut s’effectuer :
- à l’hypochlorite de sodium (eau de Javel), donnant naissance à des réactions secondaires qui forment des composés organohalogénés habituellement mesurés en AOX ;
- au chlorite où la quantité d’AOX est causée par le chlore ou l’hypochlorite ;
- à l’eau oxygénée. Dans ce cas ce sont les agents complexants concentrés (stabilisants) à l’origine de la pollution